mardi 15 février 2011

QUEL AVENIR POUR L’ASSOCIATION ?

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4 commentaires:

ABBA ZABA a dit…

La version Longue ici:

"Durant tout ce conflit, tout le monde n’a eu qu’un “son de cloche”, celui de la “Masse Salariale” (ainsi qu’elle s’est définie) et de leurs divers soutiens. On a trouvé anormal que je ne m’exprime pas à ce sujet : je n’ai pas voulu envenimer les choses. Face à une situation qui s’enlise, je livre aujourd’hui la façon dont j’ai vécu chronologiquement et intérieurement cette grève jusqu’à la date du jeudi 10 février 2010.

Je voudrais tout d’abord infiniment remercier les Auteurs et les Amis qui m’ont apporté leur sincère soutien affectif et revigorant, au sein de la période que je viens de traverser. Je n’ai parfois pas pu tous et toutes vous remercier directement, mais je sais qui m’a dit ou écrit quoi : merci.

Face à la gravité qu’a prise la tournure de la grève des Salariés de L’Association, commencée le 10 janvier, et rendue catastrophique par leur action médiatique à Angoulême, il convient de revenir point par point sur le déroulement des événements, ainsi que sur certaines formulations contenues dans les divers communiqués, tracts et pétitions, qui ont trop souvent relevé de l’approximatif, voire du mensonger, et entretenant délibérément la confusion.

1) Les difficultés financières à L’Association sont apparues dès courant 2009. En 2009 a été amorcée une analyse sur les causes et conséquences de ces difficultés. Nous avons pour cela demandé à une personne de grande compétence de nous accompagner, une journée par semaine. Les conclusions de cette analyse menée de front avec notre expert-comptable (également Commissaire aux comptes) Camille Lawson-Body ont abouti à des conclusions pessimistes. Malheureusement, les difficultés sont plutôt apparues comme de nature structurelle. Si elles ont un temps été masquées par le succès exceptionnel des ouvrages de Marjane Satrapi (qui ont permis à L’Association de vivre quelques années dans l’opulence : embauches généreuses, primes exceptionnelles aux Salariés, augmentation des parutions, livres difficiles, fabrications luxueuses, etc...), la crise générale, et plus spécialement celle du marché du livre, ajoutée à la “fin de cycle” du best-seller Persépolis mettent fin à cette période. Les derniers exercices font apparaître des chiffres en baisse régulière, qui impliquent malheureusement une récession inévitable. Les nouveautés se vendent moins, les frais fixes sont restés les mêmes, voire en augmentation. L’arrêt d’activité pour raisons économiques de notre distributeur Le Comptoir des Indépendants, au-delà des conséquences négatives pour l’Association, renforce ces problèmes. Et si Persépolis et une gestion rigoureuse ont permis la constitution de réserves conséquentes au sein de L’Association, cela fait presque deux ans que le déficit d’exploitation rogne sur ses réserves.

2) La première mesure acceptée par tous a été de diminuer la production, ainsi qu’une partie des livres les plus difficiles et coûteux. Ainsi 2010 a-t-il vu paraître seulement 25 titres, contre une quarantaine toutes les années précédentes. Le programme 2011 s’annonce, si possible, du même ordre. Les livres aux caractéristiques les plus “hors-normes” sont désormais réduits, au profit d’ouvrages moins difficiles économiquement.

3) Durant toute l’année 2010 ont été élaborées des hypothèses pour réduire les coûts. La réduction des effectifs a été évoquée dès le début 2010 et n’a donc pas représenté une surprise. Cette perspective m’a personnellement profondément affecté dès le début. Je tiens à rappeler qu’étant Directeur Editorial salarié depuis 1999, et disposant du salaire le plus important, je me suis fait licencier par le Bureau dès mars 2010.

ABBA ZABA a dit…

4) Sept personnes (cinq CDI, un CDD, un 3/5 - je m’exclus de la liste des Salariés même si j’ai continué à fournir le même travail), aux salaires et charges additionnés aux frais fixes, représentent désormais des charges fixes trop élevées pour la structure, au simple vu des comptes et des prévisionnels, que les Salariés connaissent ; mais ils en refusent l’analyse livrée par l’accompagnatrice gestionnaire et par l’expert-comptable, qui tous deux affirment que sans action concrète, L’Association est condamnée, à une échéance courte. Les Salariés ont estimé que puisqu’il demeure une trésorerie relativement conséquente, les suppressions d’emploi envisagées n’étaient pas acceptables. Or c’est précisément cette trésorerie qui faisait que ces licenciements pouvaient être dignement accompagnés.

5) Les suggestions proposées très clairement au cours de la réunion ayant eu lieu le 3 décembre 2010 entre les Salariés, le Bureau et moi-même, ont été : suppression de la distribution en interne (libraires historiques, VPC, futures ventes par le net, site - en voie d’achèvement), car non rentable et remettant en question le poste de Frédéric Van Linden, manutentionnaire et coursier ; externalisation de la comptabilité vu la baisse importante du flux liée à la suppression de la distribution interne, ce qui entraîne en effet la suppression du poste de comptable à plein temps, occupé actuellement par Philippe Reveau. Par ailleurs, la diminution de la production posait le problème de deux graphistes à plein temps (d’autant que j’assume toute la Direction Graphique). Il a donc été suggéré que ne demeure en CDI qu’un graphiste et que des missions supplémentaires soient confiées en externe. Eric Bricka ayant annoncé un congé sabbatique de mars à septembre (congé accordé et signé par la présidente), nous lui avons assuré qu’aucune procédure ne serait entamée avant son retour. Fanny Dalle-Rive resterait donc graphiste salariée. Par ailleurs, Nicolas Leroy, chef de fabrication, avait annoncé son intention de quitter L’Association et de chercher du travail ailleurs, alors qu’il n’était pas invité à quitter la structure. Quant à Marie Chesnais et Carmela Chergui, elles avaient auparavant, dans des entretiens individuels, annoncé leur intention de demeurer à L’Association.

6) Cette malheureuse réduction des effectifs, correspondant à une inéluctable évolution, n’a donc pas été élaborée n’importe comment, mais au prix d’une réflexion vers une structure moins lourde et plus conforme à sa nouvelle actualité et à ses perspectives. C’est la soudaine concrétisation de l’annonce de ces suppressions d’emploi qui a provoqué la colère des salariés, ainsi que le fait qu’il n’y ait pas eu concertation avec eux sur d’autres moyens de procéder à des économies. Il a pourtant été évoqué d’autres solutions ce jour-là par le Bureau, comme la sous-location de la partie du local dégagée de sa partie stocks à un espace d’ateliers de dessinateurs ou graphistes. J’ai même pour la première fois accepté l’hypothèse de pilonner une partie des stocks, alors que j’y avais toujours été philosophiquement radicalement opposé, et ce face à la proportion énorme que prennent les coûts des invendus à notre entrepôt de la Génilloise.

ABBA ZABA a dit…

7) L’équipe se sent soudée dans une sorte de projection mentale de coopérative auto-gérée, qui n’en est pas une, puisque j’ai engagé chaque personne comme salarié, pour ses compétences, et pour m’accompagner au service d’un projet préexistant et bien défini. Cette idée d’auto-gestion a également été générée par l’absence d’un véritable encadrement, le Directeur éditorial qui vous parle ayant souvent été absent et n’ayant jamais vraiment assumé son rôle de Directeur Général de fait. Mais L’Association, malgré tous ses défauts, s’est constituée au service des Auteurs et de leurs Ouvrages : la grève récente semble faire passer l’idée de coopérative de Salariés bien au-dessus du projet de base. L’équipe n’a donc pas accepté d’être “séparée”, contestant l’analyse comptable, et donc finalement d’une certaine nécessité de décroissance, qui n’est pas seulement économique, mais aussi structurelle et conjoncturelle, les dizaines de nouvelles structures étant apparues ces dernières années sur notre “secteur” amenant une surproduction massive d’ouvrages pseudo “indépendants”, et obligeant L’Association à se recentrer sur ce qui lui est fondamental : recherche et innovation, accompagnement de l’œuvre en devenir des Auteurs “maison”, découverte et émancipation des jeunes talents, remise en circulation de chefs-d’œuvre de la Bande Dessinée du passé, ouvrages de réflexion sur le médium, etc. Il y a là une ligne éditoriale forte de vingt ans dont je suis le garant, et qui m’empêche moralement de devenir le concurrent de nos copieurs, et un “producteur de BD” parmi tous les autres. (S’il faut le rappeler, je suis à l’origine du projet de L’Association, en ai défini les axes, la position politique, la direction graphique et tout le discours. Même si l’apport des co-fondateurs a été fondamental puisque leurs créations ont fait vivre L’Association, j’ai toujours coordonné cette structure, et ai pareillement continué après l’explosion du groupe). Cette évolution aux causes multiples est forcément mal vécue au sein d’une structure qui fonctionne depuis des années comme une entreprise alors que cela n’a jamais été sa véritable nature. Il y a une mutation en cours, que l’équipe semble avoir du mal à percevoir, mais il suffit de voir les parutions de 2010 et le programme du 1er semestre 2011 (Ruppert & Mulot, Claire Braud, Benoît Guillaume, Mahler, Matthias Picard, Conrad Botes, Christian Rosset avec un disque reprenant ses émissions de France-Culture, sans oublier Lapin ni ma propre Thèse) pour constater que même quantitativement à la baisse, la ligne éditoriale ne dévie pas d’un pouce, et que l’on peut difficilement m’attaquer sur ce plan. En revanche, on peut m’attaquer sur mon manque de faculté au dialogue et aux relations humaines, et on aura raison : je n’ai jamais caché que ce n’était pas mon point fort.

ABBA ZABA a dit…

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